lundi 8 mars 2021

Sang et stupre au lycée, Kathy Acker

Tragique et bordélique, drôle et terrifiant, aussi joyeusement dépressif dans le fond que jouissif et stimulant dans la forme, Sang et stupre au lycée de Kathy Acker, traduit de l’anglais par Claro et sorti aux éditions Laurence Viallet le 21 janvier 2021, est un puissant magma d’antimatière d’où émerge d’un constat accabl-ant/-é, par l'abus de substances, matières, manières, techniques textuelles, graphiques et sexuelles, en tous genres – Big Bang Tohu-Bohu! – un univers dérangé et dérangeant,  libre et singulier,  où vouloir, pouvoir, avoir et voir se rejoignent pour constituer une source inépuisable d'expériences et de réflexions, de références et d'expérimentations, de colère et d’empowerment. 

Un roman d'apprentissage expérimental, féministe, queer, poétique, politique et social, plus actuel et plus nécessaire que jamais, ici et maintenant, trente-cinq ans après sa première parution aux États-Unis, qui interroge à travers la question des désirs et de leur satisfaction la relation aux autres, à la société, à l'éducation, entre conditionnement et répression, liberté et transgression, soumission et culpabilité, et leur porosité. Un questionnement vital, animé par une écriture radicale qui s'entend à explorer l'identité, à pénétrer la société, à corriger la vue, à rétablir le toucher, à modifier le goût et dont on sent la lecture nous transformer.   


«
N’ayant jamais su ce qu’était une mère, la sienne était morte lorsqu’elle avait un an, Janey dépendait de son père en toutes choses et le considérait comme un petit ami, un frère, une sœur, des revenus, une distraction, et un père.»

Janey Smith a dix ans, et déjà une trop longue vie d’inceste avec son père Johnny (, mais pas que — «je couche avec tous ces queutards des beaux-arts») à Mérida au Mexique, lorsque celui-ci décide de l’envoyer séjourner à New York afin de pouvoir convoler en non moins injustes noces avec Sally, une starlette qui a le double de l’âge de sa fille. Janey, furieuse et terrifiée, décide en réaction de le laisser à la porte, entamant par ce biais un dialogue théâtral étonnamment ouvert, émaillé d’apartés, de sexes nus (masculins et féminins) croqués et légendés, d’un poème. L’enfant, qui expose ses sentiment et tente d'y confronter l'homme, se pose clairement des problèmes qui ne devraient pas être de son âge ni de personne d’ailleurs («je suis de la carne sèche, pourrie, putride. Ma fente toute rouge beurk»), les expose alternativement à ceux qui demeurent malgré tout son meilleur ami («sa bite était trop grosse») et son père.

«Janey : Nous sommes aujourd’hui à l’aube d’une nouvelle ère au cours de laquelle, pour toutes sortes de raisons, les gens devront se coltiner toutes sortes de problèmes compliqués, qui ne nous laisseront plus jamais le luxe de nous exprimer à travers l’art.
Est-ce que Johnny est fou amoureux de Sally
?»

Dans les dédales de ces interrogations qui dépassent et désespèrent Janey («Où pouvait-elle aller? Où trouver la paix (quelqu’un qui l’aimait)?»), nous découvrons comme en rêve Mérida, ses alentours, ses vestiges, la description et le plan détaillé d’édifices mayas («Un peuple propre qui ne plaisantait pas avec l’existence, qui savait qu’on ne vit qu’une fois, qui a disparu.») Traversé par les méandres amoureux empruntés par la petite fille, qui s’épanche à la première personne pour revenir crûment à la troisième quand il s’agit de sexe («Il la prit par le cul parce que l’infection lui faisait trop mal à la chatte pour qu’il la baise par devant, mais elle ne lui dit pas que là aussi ça faisait mal, parce qu’elle voulait baiser, l’aimer malgré la douleur.»). Un flux de conscience («Ces choses me passent simplement par la tête et je les dis.») dont le flot tortueux, vif et incessant, convoque et charrie tarots et rêves, imprécations et incantations, prophéties.

«Pourquoi une personne suit-elle ses caprices au détriment (grande souffrance) d’une personne que soi-disant elle aime?

«Personne», dit un dépliant «ne sait grand-chose sur ces ruines»; et cependant elles galvanisent l’énergie humaine plus que n’importe quoi d’autre.»

Nous ne sommes qu’au tout début du livre et de l’histoire, mais déjà in media res, initié·e·s et introduit·e·s au cœur du et des troubles dont souffre Janey, ce qui n'enlève rien, bien au contraire, au caractère réel et signifiant de ses perceptions. Et pour cause : tout est toujours si compliqué si l’on en croit (si faux et détourné en vérité) Johnny, son seul repère, qui réunit tout en un les défauts et les abus, la lâcheté et l’égoïsme, des hommes et des pères, la culpabilise pour mieux se dédouaner et se soustraire à ses devoirs véritables : «je n’arrive pas à me maintenir physiquement en vie», lui rappelle Janey qu’il inscrit en retour dans une école de New York afin qu’elle y reste. Pour se remettre de sa rupture, la très jeune fille traîne avec une bande, Les Scorpions, («On se saoulait. On se droguait. On baisait.») et s’adapte au merdier du monde : apprend à avorter avant de savoir se protéger («Nous avions déjà remis notre sort entre des mains d’hommes avant ce jour. C’est pour ça que nous étions ici.») et découvre le travail salarié dans l’East Village.


«Vendeuse moche et stupide : Comment ça je fais quoi?
Juive de Vingt Ans Attifée Comme Une Pute : Comment vous vous faites de l’argent en plus
?
Vous êtes une pute
?
Vendeuse moche et stupide : Non, je vais au lycée.
»

Dans son journal intime, l’enfant écrit à ses rêves. Cherche, désire la vision, malgré la lobotomie, l’aliénation («Parce que je travaille, je ne suis rien.»), tombe sur, puis dans, la folie en compagnie de la mort. Se réveille dans le terrier, ou tout comme, avec ce qu’il reste du monstre hideux et de chatte que l’ours assaille [: Ouvrir sur une double page la Carte de mes rêves, voler (avec l’oiseau noir, loin du pays de l’enfance, courir dans les plaines, entre village et coin de campagne) vers les visions (Dieu le père incestueux, le cauchemar, gendarmes et voleur, méduses) jusqu’au conte de fées]. Pendant ce temps, Janey devient une femme, à treize ans, dans les bas quartiers de New York, entre pauvreté extrême et corruption. Toujours obsédée par «la baise» avec des hommes toujours plus âgés et violents, elle est kidnappée dans son taudis afin d’être «formée» et prostituée par un marchand d’esclave persan, élève de Jung devenu lobotomisteune vraie image, un faux») par matérialisme.   

«Mon père m’expliqua, le lendemain du jour où il essaya de me violer, que la sécurité est la chose la plus importante au monde.»

Janey tente de se rassembler pour ne pas trépasser. Sur elle, les choses et les hommes passent et se ressemblent, pédophiles ou proxénètes, qui toutes et tous s’introduisent sous les mêmes prétextes («Toute notre culture provient de la Grèce antique.») Pour s’extraire, Janey se projette, lit et rédige Une fiche de lecture sur La lettre écarlate. Décrit la société vénale et pourrie dans laquelle elle vit ( l’enfer) régie par ces enseignants, flics, érudits, et autres hommes de pouvoir («Ils veulent garder l’enfant pour pouvoir la dresser à sucer leurs bites. C’est ce qu’on appelle l’éducation.»). En passant, Janey apprend le persan par la grammaire, résume sa vie en boucle(s) et, dans le même temps, l’ordre patriarcal («Les routes, c’est notre civilisation, c’est l’ordre que les hommes ont imposé au chaos.»), reprenant à La lettre sa version et sa vision du roman [«  Je ne vais pas vous raconter la fin du livre et vous le gâcher.»] en espérant un monde meilleur via une mise en abyme dont surgirait une dea ex machina.   

«(une femme va venir et créer ce monde pour moi, même si je ne suis plus en vie).»

Renverser l’Ordre établi, mettre le Chaos — le monde est rond, surface. Revenir à l’origine, aux éléments. Dans une Traduction, la narratrice tente de résumer – avec le lyrisme excessivement ostentatoire («Poésie! Poésie!») d’un Properce qu’elle emprunte, transpose et entrecoupe de dessins enfantins exta-/cathar-/tiques – ce qui s’est vraiment passé pendant et depuis son enlèvement. Dit et tait les besoins et les émotions, le désir et les injonctions. L’agonie, la douleur et la peur : c’est de cela qu’il s’agit : faire apparaître ce que le monde – le désir d’amour et les actions des hommes – fait réellement aux corps et aux cœurs («Mon con était autrefois des toilettes pour hommes.»). En trois mots : SANG ET PEUR ET STUPRE. La PEUR. Qui n’apparaît pas dans le titre, mais qui suinte de tous les pores, de toutes les lignes. La PEUR. Qui demeure probablement la seule à ne pas quitter Janey. La PEUR. Qui nous empreint, et l’empathie pour Janey que l’on rechigne désormais à nommer simplement narratrice.


«Je vis dans un monde partiellement humain et je veux que les gens pensent certaines choses à mon sujet.»

Déglinguée entre trop de sexe et pas assez, Janey s’introspecte et invective, analyse avec empirisme sa condition d’esclave, ses besoins et ses désirs, les relations qu’elle entretient avec le monde («Votre conception de ce que vous êtes a toujours, au moins en partie, dépendu de la façon dont les membres de votre entourage se comportaient à votre égard.»), les autres («Je voulais être une fille bien pour mon père.») comme avec elle-même («je tiens certaines caractéristiques de traumatismes enfantins, etc.») avec une lucidité, un aplomb et un humour noir ravageurs («Visiblement, je dois apporter d’importants changements à mon mode de vie. Et je dois le faire en accord avec mes besoins.») face à l’absurdité et aux difficultés toujours plus extrêmes qu’elle rencontre. Et, malgré l’inceste et les abandons successifs, les viols et le mépris, continue de chercher l’amour («Elle reprit son bout de crayon pour la dernière fois et nota : « J’ai besoin d’amour »»).

«Il était une fois une société matérialiste. Un des résultats de ce matérialisme était une « révolution sexuelle ». Puisque la société matérialiste avait réussi à séparer le sexe de tout sentiment, allez les filles, vous pouvez toutes écarter les jambes parce que c’est si facile oh oui de baiser c’est siii facile d’être un robot c’est siii facile de ne rien ressentir. Le sexe en Amérique, c’est du SM. C’est la glorification du SM, de l’esclavage et de la prison.»

Commence Un voyage au bout de la nuit avec Jean Genet qu’elle désarçonne et entraîne dans les manifestations extérieures de sa folie intérieure. Violente et touchante, antipatriarcale et anticapitaliste, pro-sexe et féministe, Janey vit sans illusion aucune dans un monde désenchanté par l’exploitation, où le rêve, la conscience et ses expériences de modification existent pourtant. Se rêve Érica Jong et se condamne à l’aune de ses prisons, geôliers et juges intériorisés, parmi lesquels Président Carter («Je sais que je suis très spéciale et pas facile à vivre. Mais je suis vraiment perdue parce que tu ne me parles pas et que tu ne me baises pas et pourtant tu veux que je sois là.»), M. Turlute, Merguez, Dugland. Un monde où, puisque la femme est systématiquement objectivée et réduite à maman ou putain, l’homme est objectivement et systémiquement père ou mac — Genet y compris, Genet surtout, qui exalte le mal à travers le mâle et la pédophilie, jusque dans son désir d’être putain. 

«l’auteur prête ici sa « culture » au sujet amoureux, en échange le sujet amoureux lui octroie l’innocence de son répertoire d’images, indifférent aux propriétés du savoir. Indifférent aux propriétés du savoir.»

Sang et stupre au lycée est un roman dense et pluriel. Qui se distingue par la profusion de sa transtextualité et le foisonnement de son imagier. Fait parler Mallarmé, convoque Deleuze et Guattari (la «machine désirante» de L'anti-Œdipe), Jung et ses archétypes. Evoque Gertrude Stein, Hélène Bessette et Les machines à désir infernales d’Angela Carter. Rappelle Anaïs Nin, les relations entretenues avec son père puis avec Henri Miller, les récits qui en découlent. L’Aigle noir de Barbara et Chienne de Marie-Pier Lafontaine pour la violence symbolique et réelle de l’inceste qui introduit et perpétue la domination au sein de l’être, de la famille et de la société (écouter l’éclairant podcast Ou peut-être une nuit ). La « monstruosité » des hommes envers les femmes, reportée sur elles (Je transporte des explosifs on les appelle des mots) quand elles osent la dénoncer au lieu de la cacher « comme un Tampax sanglant » (« Les femmes ne sont pas juste des esclaves. Elles sont ce que les hommes veulent qu’elles soient. »).

« Sang et stupre au lycée
C’est tout ce que je connais... »

Transtextuelle, l’approche de Kathy Acker, via celle de Janey, est aussi transdisciplinaire, qui passe par et dépasse la psychologie, la psychanalyse, la sociologie, la philosophie, l’histoire, la·e politique, la littérature. Janey dit et part d’où elle est, de là déploie toute une mythologie faite de Bataille, de rois et d’éléphants, de serpents et d’oiseaux, de sorcières, que rejoignent la Mort et la folie, le désir et la détestation de soi. Sang et stupre au lycée est une épopée horizontale, où le cheminement est intérieur, l’ascension réservée au malheur, qui choit dans un Voyage initiatique tirée du Livre des morts des Anciens Égyptiens, échoue sur un Monde symbolique, résolument naïf et désiré. Un univers fascinant fortement imprégné, consciemment ou non, dans le fond comme dans la forme, par le discordianisme ( du Principia Discordia à la Black Iron Prison « Nous vivons tous en prison. La plupart d’entre nous ignorent qu’ils vivent en prison. » en passant par la trilogie Illuminatus ! ) et la magie du Chaos.  

« Janey: Je vous en prie, dites-moi si le monde est horrible et si ma vie est horrible et s’il ne sert à rien d’essayer de changer les choses, ou s’il existe autre chose. Le désir est-il permis? »

Avec Sang et stupre au lycée, Laurence Viallet continue avec brio le travail d’édition de l’œuvre de Kathy Acker – initié en 2006 chez Désordres avec La Vie enfantine de la Tarentule noire, par la Tarentule noire et Grandes espérances – et poursuivi dès 2010 au sein de sa maison avec Don Quichotte. En cinq parties (Au lycée, Hors du lycée, Un voyage au bout de la nuit, Le voyage, Le monde) qui recouvrent dix chapitres, Kathy Acker trace ici une toponymie psychique et littéraire, mythique et archétypale, hors du commun (et) des sentiers (ra)battus. Sublimé par une édition particulièrement belle et fidèle à l’esprit du texte illustrée par un fac-similé en couleur dépliable, magnifié par la traduction magistrale de Claro, sorti en 1984 aux États-Unis sous le titre Blood and Guts in High School, Sang et stupre au lycée est le huitième ouvrage d’une œuvre importante qui dérange et interroge, comprend une vingtaine de publications produites sur autant d’années de la courte vie et carrière de Kathie Acker.

« Le livre conteste la société capitaliste (…) s’en prend à l’exploitation commerciale de la sexualité (…) On y dénonce l’exploitation sexuelle dans notre société. La discrimination envers les femmes est condamnée. »

En annexe, traduit par Jean-Paul Vienne, l’on découvre un réquisitoire de 1986 de L’office fédéral de contrôle des médias pour la protection de la jeunesse contre le livre pour Outrage aux bonnes mœurs, qui prononce sa mise à l’index en Allemagne. Une exposition et une décision qui, par leur approche naïve et factuelle, passent à côté de ce qui se joue ici : le désir de restituer par l’expérience textuelle et sexuelle la charge existentielle, émotionnelle et intellectuelle qui traversent et constituent le livre et sa narratrice (« Je ne cherche pas à vous parler des aspects tordus et dégueu de ma vie. Les avortements sont le symbole, l’image extérieure des relations sexuelles dans ce monde. »). Ce qui est extraordinaire dans l’« indémodable bêtise » (soulignée par l’éditrice) de ce réquisitoire, c’est qu’il souligne les qualités du livre (ses influences, sa singularité, sa portée) pour mieux lui reprocher des limites et astreintes (l’indépassable prison des « fantasmes traditionnels masculins. ») qui sont et demeurent les siennes propres.


« Certains textes apparaissent sous la forme de strophes. Dans certains poèmes, on découvre des vers violant les règles grammaticales. Parfois les mots apparaissent en caractères gras, d’autres fois en lettres capitales. »

Sang et stupre au lycée est un livre majeur qui se dresse à la face du patriarcat et du capital, des virilistes et autres néocons. Impressionne par la violence, la puissance, la précision, la fulgurance et la technicité de sa charge, par le regard et le rapport qu’elle instaure d’emblée et impose à terme. Une Coming-of-age story dont l’héroïne se tire les cartes pour laisser apparaître les arcanes d’un(e) psyché à la fois singulière et miroir d’une société malade. Une Ulysse dont l’Odyssée s’étale sur quelques années d’une adolescence, autant dire une vie, construite autour du sexe et de la violence réunis. Un festin nu qui se déroule lui aussi à Tanger, zone de tentatives existentielles en expérimentations littéraires, se perd entre satire sociale et addictions. Un anti-safe où la mise en danger n’est pas latente, mais effective et récurrente. À travers le livre, ce sont ses propres limites et méfaits que l’institution, juge et parti, reconnaît et condamne. Qui confond autrice, narratrice et personnages, sans pour autant leur accorder le bénéfice de l’autofiction.

« Je est désormais elle. Elle, Janey. Merde, Janey, merde. Je suis content que quelqu’un me parle du président Carter. Pourquoi est-ce que j’écris ça? Je l’ai lu. Je ferais mieux d’admettre tout. ‘‘Moi?’’ ‘‘Tout?’’ »

Hackeuse littéraire post-beat et pre-punk, féministe et queer, pro-sexe et terroriste, figure stylée de l'underground new-yorkais des eighties, Kathie Acker est, à l'image de son roman et de son héroïne (ou l'inverse), une autrice plurielle qui, à travers les positions et théories franches d'une pensée qui construit et déconstruit sans cesse, prône le dérèglement des sens contre leur absence, l'anarchie contre la déréglementation, traque en Joker les coups de trique et de Jarnac, les micmacs et trictracs de l'establishment, pour nous offrir avec ce titre remarquable un défouloir incantatoire qui ouvre à qui le lit une issue de secours qui se referme sur sa propre mise en abyme. Avec tout ce que cela comporte de possibilités et de folie. 

Une expérience de lecture unique, sensible et poignante, accessible, mais implicante, à la fois poétique et prosaïque, opératoire et mystique. Dont on croit, mais ne peut, sortir indemne. Qui agit à la manière d'une drogue, d'un rituel, d'une transe. Ouvre les portes de la perception, modifie le regard et la pensée, avec la promesse de pouvoir passer de l'autre côté du rideau et du miroir, de la scène à la loge, de la vie à la mort, de l'enfer au paradis des junkies, des dingues et des paumés (« La limite sud se délite en zones encore plus pauvres, des zones trop ravagées pour être autre chose que des zones de guerre; la limite ouest, elle, est l’Avenue des Clodos.») sans espoir de retour.

Nous n’avons pas de haine, comprenez, nous devons juste nous venger. Combattre la morosité de cette société de merde. Images robotisées aliénées. Voici votre cookie, m’dame. Non à tout sauf à la folie.

« IL N’Y A PAS DE MACHINE DESIRANTE QUI PUISSE ETRE POSEE SANS FAIRE SAUTER DES SECTEURS SOCIAUX TOUT ENTIER. »