« Christa Wolf n'a que seize ans à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Au moment de l'exode en 1945, elle rencontre un homme qui a survécu aux camps, en fuite comme elle. Il porte un pyjama rayé, et constatant l'étonnement de la jeune fille, il lui demande: " Mais dans quel monde avez-vous vécu ?" C'est à cette question que l'écrivain tente de répondre dans Trame d'enfance.
La documentation pure ou le récit qui, dans W ou le souvenir d’enfance de Perec, se substituent parfois à la mémoire ne sont ici, à eux seuls, d’aucune utilité pour y répondre. Il s'agit cette fois de retourner tout à la fois aux endroits non seulement imaginaires mais surtout réels qui l’ont constitué.
Accompagnée de son frère, de son mari ainsi que de l’une de ses filles, la narratrice se rend donc sur les lieux de son enfance plus de vingt-cinq ans près la fin de la guerre qui a vu la chute de l’Allemagne nazie pour tenter de comprendre ce qui s’est passé et l’enfant qu’elle a été.
Accompagnée de son frère, de son mari ainsi que de l’une de ses filles, la narratrice se rend donc sur les lieux de son enfance plus de vingt-cinq ans près la fin de la guerre qui a vu la chute de l’Allemagne nazie pour tenter de comprendre ce qui s’est passé et l’enfant qu’elle a été.
Dès l’exergue le ton est donné, qui interroge l’histoire, le mimétisme, la communauté, l’identité mais aussi la conscience, le sentiment d’appartenance et celui de culpabilité : « Quiconque croit reconnaître des similitudes entre un personnage du récit et lui-même, ou une personne de sa connaissance, devrait réfléchir au curieux manque de singularité qui s’attache au comportement d’un grand nombre de nos contemporains. Il conviendrait d’en incriminer les circonstances en ceci qu’elles produisent des types de comportements reconnaissables ».
Sous la trompeuse apparence d’un discours moralisateur, celle qui figure parmi les plus grands écrivains allemands de sa génération se livre ainsi à un profond exercice d’introspection qui met en question tant la responsabilité de l’individu que celle de l’écrivain, et qui fait écho à la conférence du même nom prononcé par Sartre dès 1946.
C’est l’utilisation de la première, seconde et troisième personne pour parler d’elle à différents stades de son évolution qui m’a permis, à l’instar de l’œuvre de Georges Perec, de découvrir cet ouvrage dans le cadre de recherches sur la narration. La difficulté et la nécessité de dire et d’écrire ce qui hante, l’impossibilité de se reconnaître dans ce que l’on a pu être, la question des mécanismes de la conscience et de l’inconscient, le rapport à l’autre, donnent à la mise en perspective de la vie particulière de cette enfant vouée aux jeunesses hitlérienne une portée psychologique et historique qui dépasse le cadre particulier qui l’a vu naître et en font là encore un excellent témoignage sur le travail de l’écrivain.
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