« L'Etat n'est pas
crédible » déclare Scarpinato sans ambages, sa représentation tient de
la farce, comme le démontre à lui seul l'exemple de Giulio Andreotti, sept
fois premier ministre et vingt-deux fois ministre, connu pour ses rapports —
officiellement établis par la cour d'appel de Palerme — avec la mafia. Ou celui
de ce procureur qui approuve la nomination d'un membre d'une mafia présentée
comme ayant toujours respecté la magistrature et la justice. Un constat
renforcé par les expériences respectives de Giovanni Falcone qui dénonce la
mise à l'écart dont il fit l'objet, et de Paolo Borsellino qui condamne le
désengagement de l’État, en un mot le manque de fiabilité de celui-ci, cause et
conséquence du règne d'une mafia qui, selon eux « n'est pas
invincible » comme l'a prouvé le pool antimafia dont l'exemple nous
enjoint aujourd'hui à fuir et à dénoncer la convergence des intérêts
politiques, économiques et mafieux.
Un ouvrage qui, comme les
précédents, ne se cantonne pas au témoignage et à l'anecdote mais propose une
analyse systémique globale non seulement de la mafia mais de l'appareil d’État.
Une analyse qui s'applique parfaitement à la France au moment où Nicolas
Sarkozy, impliqué dans pas moins de neuf affaires, après avoir été placé en
garde à vue, mis en examen pour corruption active et trafic d’influence actif,
reprend une nouvelle fois à son compte le discours mafieux qui consiste à
condamner cette justice « qui fait la guerre au pouvoir
politique » et serait, par un hypothétique et prétendu acharnement judiciaire, une entrave au « miracle de la
République ». Une république à l'italienne, mafieuse, cela va sans
dire, et qu'il distingue donc de la démocratie. Un ouvrage salutaire, enfin,
pour l'envoi duquel je tiens à remercier La Contre allée et tout
particulièrement Benoît qui depuis des années fournit un travail aussi
incessant qu'exemplaire que j'ai eu le plaisir et l'honneur, y compris en tant
que libraire, de pouvoir mettre en avant.
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